Grégoire Vitry:
Ce serait intéressant d’avoir votre réaction à chaud sur l’atelier, en tant que médecin sur ce sujet de la procrastination et sur l’approche.
Dr CHEN: - Oui, ça m'a apporté beaucoup parce que souvent, on n'a pas assez de temps pour approfondir les sujets. On vous voit, je dis vous parce qu’il y a d’autres intervenants avec lesquels on a également rarement eu l’occasion d’aller au fond des choses.
C'est très intéressant d'avoir un retour sur votre expérience personnelle, et bien sûr votre méthode.
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Pour moi, c’est important d’avoir une méthode de travail. Là, j’ai compris qu’il y avait un protocole pour chaque indication.
Ça c’est rassurant pour nous si on vous envoie quelqu’un car on sait que l’on peut ensemble mieux canaliser les choses, avancer, et non pas seulement chercher dans le passé s’il y a eu des chocs émotionnels. Il y en a toujours dans la vie de chacun...
Et après comment cerner les choses? Comment aller au plus important? Parce qu’en fait, si vous dites à un jeune: « Johann qui a eu des problèmes avec sa mère, son frère… bon il va le comprendre mais dans le présent, tout de suite, qu’est ce qu’il va changer? Comment l’aider à changer? Vous voyez?
G. Vitry: On ne sait pas si c'est le travail, dans le présent, de comment changer qui est intéressant à comprendre. On voit en tout cas, de notre coté, une complémentarité par rapport à vous dans le travail entre les médicaments, les prescriptions et le travail sur l’énergie. Pour nous, tout ça forme un tout.
Dr CHEN: C’est systémique, c’est l’approche systémique.
G. Vitry: Quels sont les patients pour lesquels justement, il y a des difficultés d’ordre mental ?
Dr CHEN: Ce qui est le plus dur, c’est que ce sont des patients qui souffrent de dépression chronique. Donc, on a l’impression que ça n’en finit jamais. On peut, en tant que thérapeute, être complaisant, juste conciliant..
G. Vitry: Oui c’est comme ca que l’on appelle ces patients qui nous intimident ou qui nous énervent
Dr CHEN: Oui, parfois, il y a des gens qui sont dans la léthargie, répétitive et qui le restent. Tout ça pour dire que dans les sociétés riches, il y a plus de dépressifs parce qu’en fait, on les aide, on les assiste et ils se victimisent.
Claude de Scorraille: Plus il va y avoir un système de protection à un moment donné, plus on confine à la surprotection qui évidemment contribue à les fragiliser.
Dr CHEN et Dr GHAOUI: c’est le piège!!
G. Vitry: Du coup, vous faites comment pour ces patients?
Dr CHEN: Dans mon cas, j’ai des gens qui ont vu des psychiatres, des psychologues… qui tournent vous savez ; ce sont des nomades. Il y en a qui reviennent me voir. Moi j’ai l’impression qu’ils ont besoin d’une certaine sécurité, de quelqu’un qu'ils peuvent revenir voir de temps, qui les rassure.
Moi j’ai l’impression que je ne fais pas grand chose car ce sont des cas un petit peu désespérés mais ils reviennent quand même et c’est devenu obsessionnel.
C. de Scorraille: Ça veut dire que vous les soulagez quand même s’ils reviennent, mais sauf que c’est chronique ?
Dr CHEN: Ce que j’ai dans mon arsenal thérapeutique, c’est la possibilité de calmer leurs troubles secondaires, physiques secondaires. Donc s’ils sont trop angoissés, s'ils souffrent de colites, de douleurs diverses, etc., ça les calme et ils sont contents. Mais parfois, le côté psychique reste ancré.
C. de Scorraille: Ça résiste!
Dr CHEN: Je trouve que votre organisation est intéressante pour nous. Et que vous soyez plusieurs. Quand vous étiez venus dans le groupe, je sais qu’il y avait certains médecins généralistes qui étaient un peu… disons dubitatifs.
G. Vitry: C’est normal !
Dr CHEN: C’est normal parce que beaucoup de généralistes sont encore et uniquement dans le corps. Il y a également un certain nombre de thérapeutes qui ont aussi des idées autres.
C. de Scorraille: Tout a fait, oui.
Dr CHEN: Vous, c’est une approche différente et ça touche un certain nombre de médecins, la preuve! Il y a des personnes qui s’intéressent comme Pascale (Dr GHAOUI) et moi à la psychologie humaine, à l’humanisme, alors que beaucoup de généralistes sont encore dans le traitement physique et les thérapeutiques médicamenteuses.